C’est la rentrée, la rentrée littéraire avec pas moins de 700 nouveaux titres qui débarquent dans vos librairies. Au sommaire de ce numéro de septembre, un point justement sur ces nouveautés, les brêves du mois, sans oublier le traditionnel rendez-vous avec le numérique commenté par Alice Ferney et Jean-Michel Guénassia, la minute de la SGDL et notre livre « coup de cœur » qui nous emmènera dans la cour de récréation. C’est le mag’ et c’est sur Web TV Culture.

Les livres à la plage
Retour sur les vacances. A la plage, entre bronzette et baignades, la lecture reste une activité phare. Depuis quelques années et avec encore plus de succès cette année, mairies et autres collectivités ont organisé sur leurs plages des bibliothèques. Ce fut le cas en juillet et août notamment en Vendée, à Talmont St Hilaire, au Cap d’Agde ou encore à Dunkerque, Marseille Valéry en Caux ou au Tréport. Et ça marche. Dans l’Hérault, sur les plages de Carnon et Frontignan, plus de 16 000 vacanciers ont utilisé ce service. Le principe est simple, dans ces bibliothèques temporaires installées sur le sable, vous empruntez un livre pour quelques heures ou la journée, vous le laissez le soir et le reprenez le lendemain en installant votre serviette de plage. Certaines de ces bibliothèques estivales proposent même le téléchargement pour les livres numériques, mais là, le succès est plus mitigé. Le livre numérique ne semble pas avoir encore envahi les plages.

Rentrée littéraire
Depuis le 19 août et jusqu’à fin octobre s’étale ce que l’on appelle communément « la rentrée littéraire ». Chaque année le même refrain, une avalanche de livres dans laquelle les valeurs sûres risquent de vampiriser de jeunes auteurs. Pas moins de 700 titres dont près de 500 francophones ont pris place sur les tables des librairies. Amélie Nothomb, Ken Follet, Alain Mabanckou, Paulo Coelho ou encore Jean d’Ormesson, Michel Houellebecq et Philippe Claudel font partie de cette rentrée. Entre enthousiasme et fatalisme, la rentrée littéraire vue par les libraires.

Salons de la rentrée
On l’a vu, septembre est un mois chargé, tant dans les librairies que pour le nombre de manifestations littéraires. Auteurs et éditeurs ont fort à faire pour répondre aux invitations des organisateurs, un peu partout en France. A Nancy, « Le livre sur la place » est devenu un incontournable de la rentrée. Les 17, 18 et 19 septembre, pour cette 32èeme édition, une centaine d’auteurs se retrouveront sur la place Stanislas dont Didier van Cauvelaert, Katherine Pancol, Marc Lévy, Fatou Diome ou encore Didier Decoin et Patrick Rambaud. Et puis du côté de Vendôme, dans le Loir et Cher, là c’est Zinc de Livres qui s’annonce avec des rencontres d’auteurs dans différents cafés de la ville. C’est Irène Frain qui sera la marraine de cette 5ème édition. Enfin, on ne manquera pas le Festival America, qui se déroule fin septembre à Vincennes, consacré à la littérature et à la culture nord-américaine.

Pour la 15ième édition de la Forêt des livres, à Chanceaux-près-Loches, en Touraine, 150 auteurs sont venus dédicacés leurs livres, à quelques jours de la rentrée littéraire. Présidée par l’auteur , académicien, Jean d’Ormesson, ce salon du livre à ciel ouvert, a réuni plus de 50 000 visiteurs. Le record de livres dédicacés a été battu par Charles Aznavour. Le chanteur, écrivain a signé plus de 500 ouvrages.
Gros succès également pour le 3eme roman de l’ex animatrice de télévision : Christine Bravo.. L’impertinence du chroniqueur Eric Zemour a encore fait mouche. Gonzague St Bris, le fondateur l’événement , retrouvé ses fans. Dans la vallée de la Bande dessinée , Vincent Perez, comédien, petit nouveau dans la monde du livre, a dédicacé le 3eme tome de sa BD..
Cette 15eme édition, a également mis en lumière des auteurs romantiques, comme Goerges Sand et Honoré de Balzac. à travers des débats , et des lectures….
Le prix, contemporain, du romantisme a été décerné à Patrick Poivre d’Arvor. 24 autres prix ont été remis, et ont récompensé- notamment - de jeunes auteurs : Hélène Gremillon pour son premier roman, et Thibault de Montaigu, prix de la rentrée 2010…

Iphone, Andoïd, et autres smartphone, la téléphonie n’en fini plus d’innover. Quelles sont les différences entre les applications pour smartphones et les adaptations de sites Internet pour les téléphones mobiles, c’est le dossier de Minh Son Nguyen, notre spécialiste numérique.

La Censure




Introduction
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Le thème choisi pour cette rentrée est celui de la censure littéraire. Alors, tout d'abord, cela paraît peut être évident, mais qu'est-ce que la censure ?

La censure est la limitation de la liberté d'expression de chacun. Elle est exercée sur des livres, avant d'être diffusés au public, par une personne qui détient ce pouvoir (il a pu être étatique, religieux, etc …)

Plus largement, et au delà des livres, on peut distinguer la censure politique (limitation de la liberté d'expression par un gouvernement), de la censure indirecte sous forme de pression, que peut représenter par exemple la censure économique ; et l'on peut arriver jusqu'à une forme d'autocensure.

Question – Dans l'histoire de la littérature, on se souvient d'auteurs censurés à leur époque. Avez-vous un exemple concret à nous détailler ?

L'exemple de Baudelaire nous concerne directement à la SGDL, puisque la Société des Gens de Lettres a été l'instigatrice de la révision de son procès. En effet, depuis une loi du 25 septembre 1946, seule la SGDL a le pouvoir de saisir le procureur de la République en révision d'une condamnation prononcée pour outrage aux bonnes mœurs commis par la voie du livre, vingt ans après que le jugement est devenu définitif.
On s'en souvient, certains poèmes des « Fleurs du mal » de Charles Baudelaire avaient été interdits de publication suite à un jugement de 1857. Depuis, ces poèmes ne pouvaient pas être édités. Sur saisine de la SGDL, un arrêt de la Chambre criminelle de la Cour de Cassation du 31 mai 1949 retient donc que le délit d'outrage aux bonne mœurs n'est pas caractérisé, et casse donc le jugement de 1857 en (je cite) « déchargeant leur mémoire de la condamnation », la mémoire en question étant celle de Baudelaire et de Poulet-Malassis, son éditeur.
Nous noterons qu'il aura fallu 92 ans pour dénoncer le jugement de 1857, et que Baudelaire est aujourd'hui enseigné dans tous les lycées de France.

Question – Et en dehors de ces cas, aujourd'hui, comment cela se passe-t-il ? Quels sont les textes ?

Aujourd'hui, en matière littéraire et de censure, le texte qui s'applique est la loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. Cette loi permet au Ministère de l'Intérieur de prendre trois mesures : interdiction de vendre la publication aux mineurs ; interdire son exposition à la vue du public et interdire la publicité en sa faveur.

Ensuite, il y a des associations de défense diverses et variés qui vont chercher dans le Code pénal des délits qualifiés pour pouvoir agir contre certaines publications, selon les thèmes abordées qu'elles répriment. C'est ainsi qu'au moment de la sortie de l'ouvrage « Rose Bonbon » de Nicolas Jones Gorlin, l'association L'enfant Bleu s'est basée sur un article du Code Pénal réprimant « le fait, en vue de sa diffusion, de fixer, d'enregistrer ou de transmettre l'image d'un mineur lorsque cette image présente un caractère pornographique ».

Le ministère de l'Intérieur s'en était également mêlé, sur le fondement de la loi de 1949, en écrivant un courrier à Antoine Gallimard, éditeur de « Rose Bonbon ». Finalement, le procès a été évité et le livre a été diffusé sous cellophane, avec un avertissement présentant l'ouvrage comme une œuvre de fiction.

De même, récemment, un ouvrage de Lalie Walker publié aux Editions Parigramm a été attaqué par les propriétaires actuels du Marché St Pierre, sous prétexte que l'intrigue du roman, qui se situe essentiellement au marché St Pierre, porte atteinte à l'image de ce lieu. La décision du Tribunal correctionnel, puisque là encore nous sommes au pénal, n'a pas été rendue, mais nous suivons de très près cette affaire car la dérive nous semble très grave.

Question – Et des cas d'autocensure aujourd'hui, en connaît-on ?

Il en existe certainement beaucoup dont nous n'entendons pas parler, et qui se déroulent dans les services juridiques des maisons d'édition. Un exemple récent a toutefois filtré : il s'agissait du livre de Frédéric Beigbeder « Un roman français » sorti il y a tout juste un an, à qui il a été demandé de supprimer un passage concernant un procureur de la République en poste. On peut considérer que l'éditeur a préféré « censurer » son auteur afin d'éviter d'éventuels problèmes avec la justice.

Question – Il existe un Observatoire de la liberté de création. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette structure ?

Oui, d'autant que la SGDL en fait partie.

La Ligue des droits de l'Homme, avec des personnalités et des associations, a créé un observatoire de la liberté d'expression en matière de création pour débattre et intervenir sur ces questions. Cela nous permet de réagir par voie de presse à toute manifestation de censure qui nous semble condamnable. Cela concerne le livre mais, bien sûr, plus largement tous les domaines de la création. Et le travail ne manque pas……

Septembre oblige, nous mettons en lumière ce mois-ci un livre scolaire d’un genre un peu particulier puisqu’il s’adresse aussi bien aux enseignants qu’aux enfants et à leurs parents. A l’aide de contes, de jeux et d’une bonne dose d’humour, voilà un livre qui devrait réconcilier les plus jeunes avec certaines matières qui pourraient leur paraître rébarbatives. Les contes pédagogiques, ou quand le merveilleux devient éducatif par Jean-Yvon Lafinestre et Yann Couëdel.

Palmarès
1.Le voleur d’ombres – Marc Lévy – Ed. Robert Laffont
2.L’oiseau de mauvaise augure – Camilla Läckberg – Ed. Actes Sud
3.Les chevaliers d’émeraude t.11, la justice céleste – Anne Robillard – Ed. Michel Lafon
4.Absolument débordé ou le paradoxe du fonctionnaire – Zoé Shepard – Albin Michel
5.La fille de papier – Guillaume Musso – Ed. XO
6.Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi – Katherine Pancol – Ed. Albin Michel
7.Le visage de Dieu – Igor & Grishka Bogdanoff – Ed. Grasset
8.Trolls de Troy – Christophe Arleston & Jean Louis Mourier – Ed. du Soleil
9.Les secrets d’un fiasco – Jean Michel Larqué – Ed. Le Toucan
10.Une forme de vie – Amélie Nothomb – Ed. Albin Michel

« L’île déserte » de Gilles Leroy